Le Togo adopte une stratégie ferme pour lutter contre la corruption

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La Convention des Nations Unies contre la corruption considère celle-ci comme « un mal insidieux dont les effets sont aussi multiples que délétères. Elle sape la démocratie et l’état de droit, entraîne des violations des droits de l’homme, fausse le jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité» (Le Secrétaire général Kofi A. Annan). Le Togo est l’un des pays d’Afrique subsaharienne qui sont lourdement touchés par ce fléau. Selon l’indice de perception de la corruption 2017 de Transparency International, le Togo obtient un score de 32 sur une échelle de 0 (très corrompu) à 100 (très propre), ce qui le place en 117e position sur 180 pays.

 

Que signifie la lutte contre la corruption ?

La lutte contre la corruption consiste en l’adoption par les gouvernements d’un certain nombre de mesures afin de garantir le maximum de transparence dans les affaires publiques. Ainsi, chaque État devrait systématiquement établir un bilan de ses efforts en la matière. Dans le cas d’un pays comme le Togo, la lutte contre ce fléau se fait en trois axes, à savoir les réformes réglementaires pour une bonne gouvernance économique, l’étude de l’impact de la lutte contre la corruption et la mise en place de plans d’action en perspectives.

 

La lutte contre la corruption au niveau international

La nécessité de lutter contre la corruption est reconnue depuis longtemps au niveau international. La Convention des Nations Unies contre la corruption, entrée en vigueur le 14 décembre 2005 et à laquelle 186 États ont adhéré, oblige ces derniers à respecter les standards de lutte contre la corruption et à mettre en œuvre des politiques intégrées, à créer des autorités nationales pour superviser la lutte contre la corruption et à adopter des mesures pour promouvoir la transparence. Cette lutte passe également par une conduite honnête et par la condamnation des pratiques de corruption. Pour aider à garantir son efficacité, la convention établit un système de suivi de sa mise en œuvre, qui est supervisé par la Conférence des États membres et soutenu par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

 

La lutte contre la corruption en Afrique 

Au niveau régional, la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption en Afrique, qui est entrée en vigueur le 5 août 2006 et qui a été ratifiée par quarante États africains travaille pour les mêmes objectifs internationaux, mais en mettant l’accent sur l’Afrique. Son objectif déclaré est d’encourager et renforcer le développement, par chaque État membre, des mécanismes nécessaires pour prévenir, détecter, punir et éradiquer la corruption et les infractions connexes dans les secteurs public et privé.

La convention place la lutte contre la corruption dans le contexte du respect des principes démocratiques, de l’État de droit, des droits de l’homme et de la justice sociale. À l’instar de la convention des Nations Unies, elle établit également un organisme pour aider à garantir que ses objectifs soient atteints. Connu sous le nom de Conseil consultatif sur la corruption, cet organe est chargé de promouvoir les initiatives de lutte contre ce fléau, analyser et documenter l’étendue de la corruption en Afrique, conseiller les gouvernements sur les stratégies de lutte contre la corruption et encourager la coordination et la coopération afin d’atteindre cet objectif dans la société et à travers le continent.

D’un intérêt particulier pour les investisseurs, ses fonctions comprennent également la collecte d’informations sur la conduite des multinationales en Afrique et la communication d’informations à ce sujet aux autorités nationales de lutte contre la corruption.

 

La stratégie du Togo pour lutter contre la corruption

Le gouvernement de Faure Gnassingbé a lancé une large campagne de sensibilisation pour débarrasser le pays de la corruption une fois pour toutes. Cette initiative, lancée depuis 2018, est l’une des solutions pour la lutte contre la corruption et a pour but de provoquer un changement de comportement et de mentalité. La campagne est pilotée par l’autorité anticorruption du pays, HAPLUCIA (haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées) et souvent menée à travers des ateliers. Le but est de montrer que la corruption est l’affaire de tous et que seuls des efforts combinés de la société civile et du gouvernement pourront l’éradiquer.

L’une des raisons pour lesquelles la corruption est si difficile à éliminer est qu’elle est profondément enracinée et très résistante. Elle affecte tous les domaines de la société. Dans le secteur public, la police et le système judiciaire sont souvent cités comme des foyers de corruption, mais cela s’étend également aux écoles et aux hôpitaux, où les pots-de-vin sont courants, exacerbant la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population togolaise. Cependant, la corruption affecte également le secteur privé. En plus de détourner la richesse, elle fausse l’équité des marchés et des pratiques commerciales. De plus, les pays considérés comme corrompus sont rejetés par les investisseurs, ce qui ne fait qu’accentuer leur déclin économique.

 

Quels sont les moyens de lutte contre la corruption ?

Concrètement, et afin de mener une stratégie ferme et efficace, le gouvernement de Faure Gnassingbé a mis en place un certain nombre de mesures afin d’harmoniser ces efforts de lutte contre la corruption. Le plan d’action mené par la HAPLUCIA (la haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées) s’articule autour de quatre axes :

  1. Les réformes en faveur de la transparence dans les finances publiques ;
  2. Les réformes en faveur de la transparence dans les marchés publics ;
  3. La prévention et la lutte contre le blanchiment des capitaux ;
  4.  La prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées.

Cette stratégie de réforme mise en place par le Togo depuis plus d’une décennie pour lutter contre la corruption lui avait permis de passer de 27/100 en 2010 à 32/100 en 2015 dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Mais beaucoup reste à faire, car, comme on peut le lire sur le site Web de la HAPLUCIA, la note du Togo a chuté successivement à 30/100 en 2018 et 29/100 en 2019.